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Un long parcours
professionnel dans l'architecture, assorti d'une formation
d'histoire de l'art, m'avait appris à regarder et à comprendre
ce qu'est un édifice. Ses volumes, ses proportions, sa
composition, l'ombre et la lumière, mais aussi son usage, ses
parcours, son bien-être, et le plaisir d'y vivre nourrirent mon
regard et mon savoir faire.
Mais je ne savais pas encore ce qu'était un jardin.
L'éveil se produisit lorsque je fis la connaissance de Roderic
Cameron, auteur de beaux jardins de la Côte d'Azur et du
Lubéron. |
C'était en 1982.
Le regarder travailler m'apprit à découvrir tout un monde que
j'avais ignoré, mais où je retrouvais des règles et des principes
que je connaissais bien avec l'architecture.
Cependant le bien le plus précieux qu'il me transmit c'est une
particulière sensibilité à la nature. Un jardin est fait pour y
vivre, chaque détail doit être pensé pour le bien être des usagés.
Conçu comme le prolongement de l'habitation, il doit se découvrir et
ne pas être une unique étendue que l'on découvre d'un seul coup
d'œil.
Dans mes jardins les fleurs sont peu présentes au sein d'une
végétation composée en grande majorité de plantes persistantes et
celles qui le sont apportent une note nécessaire à l'équilibre d'où
émane le calme et la paix.
C'est de la simplicité des lois géométriques qui définissent la
composition des jardins que se dégagent la sérénité et la joie de
vivre .
Petit ou grand le jardin veut dire la même chose, vivre en paix au
sein de la nature, à l'abri des regards, il évoque le paradis perdu.
La richesse du blanc et des gris qui se dynamisent, celle des
pierres et le moutonnement des galets, la texture et les dégradés
des feuillages, les cyprès qui donnent de la force à leurs
environnement et un équilibre au décor, tous ces moyens d'expression
me permettent de créer.
Ma propre sensibilité, mon intérêt pour mes contemporains, mon
écoute des autres m'ouvrirent aux rêves de mes clients, à leurs
habitudes, à leur environnement personnel. Leur jardin devait leur
ressembler car il allait être le décor où se jouerait au quotidien
la pièce de leur vie. Le résultat est que mes jardins ressemblent à
mes clients. Ils peuvent être intimiste, à leurs manière, ou bien
s'ouvrir amplement sur le paysage et embrasser l'horizon.
Et comme l'énonçait Michel Ange «seuls le travail des mains et
l'enivrement de créer donnent de la saveur à la vie ».
Jacques Casalini
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